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Latifa pouffa de rire. L’homme fixa le coin de la pièce. Ils rirent de concert.

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                   — Que se passe-t-il maintenant ? demanda-t-elle.

                   Habib était accroupi aux côtés de Latifa, jouant avec son chapeau mou, balançant
            son centre de gravité d’une jambe à l’autre en grimaçant.

                   — Vous êtes sous sédation. Le mille-feuille s’est écroulé. Momentanément.
                   Latifa était habillée d’une succession de larges morceaux d’étoffe qui cachaient ses

            formes.  D’un  regard triste,  elle contempla  ses  pieds  gonflés  et  boudinés  dans des

            sandales hautes. Habib croisa son regard.
                   — Vous serez toujours ma princesse, ma magnifique Latifa. J’ai tremblé d’amour

            pour vous toute ma vie.
                   Latifa haussa un sourcil, esquissant un sourire.

                   — Cela ressemble à une déclaration mon ami. Vous ne seriez pas en train de me
            faire la cour par hasard?

                   Habib lui prit la main dans les siennes.

                   — Pour l’éternité, si vous le voulez bien.
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                   — Combien d’années avons-nous passé ensemble dites-vous ?

                   —  Nous nous sommes mariés  en 1989.  Vous  êtes ma seconde  femme. J’ai eu
            deux enfants d’un premier mariage. C’est ma sœur qui nous a présentés. Nous sommes

            restés ensemble jusqu’à ma mort, en 2014. Un cancer de l’estomac. Vous êtes restée à
            mes côtés tout le long de la maladie.

                   Habib se tenait de nouveau devant la fenêtre, les yeux perdus dans le vague. Latifa
            s’était redressée puis adossée au mur.

                   — Ce fut un beau mariage ?

                   — Oui. Dans votre famille, on ne fait pas les choses à moitié. Je suis d’un milieu
            plus modeste.

                   — Avons-nous eu des enfants ?
                   — Malheureusement non. Nous avons bien essayé. Je suis désolé.

                   — Ce n’est pas très grave. J’ai déjà des neveux et des nièces. Ils sont aussi mes
            enfants. Sans les inconvénients.

                   Habib sourit.

                   — Oui, c’est ce que vous me disiez pour me consoler.
                   — Vous m’avez dit avoir eu deux enfants d’un premier mariage ?

                   — Oui. Deux filles.


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