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Elle parvint au lac qu’il formait à l’orée des bois. Et là, à la lumière de la lune, elle découvrit un spectacle

        saisissant. Sur la petite île où s’élevait une baraque de pêcheurs, un feu crépitait. Des ombres dansaient en se


        tenant la main, chantant des airs joyeux rythmés par des guitares. Elle distingua aussi un groupe de chats

        autour d’un panier rempli de poissons. « La pêche merveilleuse des vendredis 13 ! », se dit-elle.



        Quand elle était arrivée dans la région, on lui en avait parlé à mots couverts, mais elle avait cru à une

        légende et l’avait promptement oubliée. Elle vit alors, dans la lumière de la lune, une barque qui se dirigeait


        vers elle. Elle reconnut Moune aux rames, avec Pok et Bianca sagement assis au fond.


        - Nous n’attendions plus que toi ! s’écria Moune !


        Retrouver son amie lui mit du baume au cœur, leur vieille amitié, sa joie naturelle et son optimisme lui firent


        du bien. Durant le court trajet en barque, elle relata rapidement l’accident de sa maman, le compte rendu des


        médecins et put dire son angoisse. Elle se sentit alors plus légère !

        Moune voyait bien qu’il fallait lui changer les idées et demanda :

        - Connaissais-tu cette histoire de « pêche merveilleuse des vendredis 13 » ? C’est magnifique !


        - J’en avais entendu parler en arrivant dans la région mais je pensais plutôt à une légende qu’autre

        chose…


        - Eh bien maintenant c’est le moment ou jamais d’aller danser… lui répondit Moune.

        A l’écart du feu, deux ou trois silhouettes s’activaient. Une main généreuse tendit aux arrivantes de grandes


        tartines de poisson grillé arrosées d’huile d’olive odorante… un délice bien réconfortant !

        Maintenant les ombres se détachaient sur la clarté du feu et Suzanne distinguait les robes colorées qui

        s’envolaient et les gilets bariolés des hommes.


        Le plaisir qui émanait des danseurs était irrésistible ; Bientôt Suzanne et Moune, le pied léger, furent

        happées dans la ronde. Les guitares rejointes par un, puis deux, peut-être trois harmonicas rythmaient les


        chants joyeux et entraînaient les elfes dans un tournoiement infini.


        Le feu monstrueux, tel un dragon, montait vers la nuit éclairée par la lune d’argent ronde, toute ronde. Les


        escarbilles pétaradaient, les flammèches s’envolaient et le danger réjouissait les danseurs invincibles.


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