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N° 43                                      GUDULE



                                        Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée



                                   « Ah ! au fait quel jour sommes-nous ? » se dit-elle.


                                                 « Vendredi 13 ?! Zut ! »



                       Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises.


                   Elle, c'est  Marjorie Le Boulonnec, la fille de Ghislaine et Ildud Le Boulonnec. Un couple
            originaire de Combrit. Lui faisait la pêche sur un 10 mètres et elle était aux expéditions chez le
            mareyeur.
            Les disputes et tensions vites apaisées étaient fréquentes, Ildud n'étant pas d'un caractère ouvert
            au dialogue. Il s'adressait à son épouse comme il aurait donné un ordre à l'un de ses matelots.
            IL était en permanence en pétard soit contre le nouveau  moteur  Deutz, soit la génératrice
            d'électricité soit la qualité des funes du chalut. Enfin il maugréait en permanence.


                   Ils s'usaient au travail dans l'espoir que leur fille unique trouve un travail moins pénible que
            le leur, acquiert une bonne situation et trouve a se marier gentiment avec un bon parti.
            Après son bac AES, Marjorie avait intégré l'IUT en section e-commerce à Brest. Malheureusement
            elle avait connu une désillusion amoureuse et cela l'avait plongé dans un état dépressif certain et
            malgré le Prozac, elle n'avait pas repris les cours.

                   Elle avait rencontré Fabrice à la sortie du lycée, il suivait sport-études en section voile et
            bien évidemment il ne parlait que bateaux. Tabarly, les frères Peyron, Samantha Davies et bien
            d'autres. L'été il  encadrait des groupes de jeunes au centre nautique et ça lui rapportait quelque
            argent. Un allure sportive et beau garçon, il se faisait aussi des copines ..
                   Lorsqu'il passait prendre Marjorie à la maison et si Ildud était présent bien ça parlait mer et
            bateaux.
                   Lorsque Fabrice évoquait le nom de Tabarly invariablement, Ildud clôturait la discussion par
            un :
            - Tabarly ? Un sacré marin mais une vraie tête de breton, s'il avait été obligé de faire ce qu'il a fait,
            je suis certain qu' il n'aurait jamais voulu le faire « .

                   Ildud  n'appréciait que modérément  Fabrice,  un fils de fonctionnaire.  Un ambitieux peu
            enclin au vrai travail. S'il aimait tant la mer il n'avait qu'à venir avec lui sur son bateau faire les
            marées. Il ne lui avait jamais proposé persuadé que cela n'intéresserait pas « Monsieur ».

                   C'était dit avec une  telle assurance  qu'il n'y avait plus rien à ajouter  après si bien  que
            Fabrice et Marjorie pouvaient s'éclipser en toute tranquillité.
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