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N° 47 La Treille Muscate, villa paisible
Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu’elle avait
considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses pensées furent
interrompues par l'arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première
marche, leva la tête et s’arrêta brusquement.
Elle fut assaillie d’un sentiment étrange, elle ne pouvait pas partir, elle savait qu’elle avait
un rôle à jouer. Elle repensait à cette semaine passée avec ses amies.
Elles se connaissaient depuis longtemps. Elles fréquentaient la même école depuis la
maternelle. Elles avaient grandi ensemble et avaient de nombreux points en commun : la
passion des livres, des voyages, leur humeur joyeuse. Juliette était veuve, Eléonore
divorcée et moi, Cécile, célibataire. Sans enfants, nous nous sentions libres. Nous
abordions tous les sujets et, même si parfois nous avions des divergences, nous
exposions nos points de vue et cela entraînait des discussions riches et passionnantes.
Elles m’avaient invitée dans cette maison pleine de charme, si paisible, située tout près
de Pornic, sur la côte de Jade. C’était la maison de famille de Juliette. Cette maison, aux
murs blancs éclatants et aux volets bleus, a été baptisée « La Treille Muscate » par le
Grand-Père de Juliette, en souvenir de « Madame Colette » qu’il avait eu la chance de
côtoyer à Saint Tropez. Dans le jardin un mimosa, presque centenaire, trône
majestueusement, ses fleurs jaunes éclatantes annoncent les prémices du printemps et
embaument l’air d’un parfum sucré et délicat. Des lauriers roses mêlés aux eucalyptus
bordent le mur en pierres qui entoure le jardin.
Pourquoi ce malaise m’avait-il envahi au cours de mon séjour ?
Mes amies étaient très accueillantes et chaleureuses. Le soir, elles recevaient des amis de
longue date. Ils arrivaient à l’improviste et passaient la soirée avec nous. Nous dînions
sous le chêne. Des couchers de soleil aux couleurs pastel passaient du rose au mauve,
des nuages zinzolins s’effilochaient harmonieusement dans le ciel. il faisait bon dehors.
Juliette se chargeait du barbecue, elle disait qu’il n’y avait qu’elle capable de cuire les
sardines à point, hum !.. l’odeur émoustillait nos papilles. Les brochettes de légumes de
tomates, poivrons, oignons étaient joliment dorées. Le tout servi avec un Muscadet sur lie
très frais. Ça sentait bon les vacances.
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