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dernier sursaut mesquin de mauvais perdant, avait exigé que l’on puisse vérifier annuellement

              que ce crocus Sativus ne faisait pas partie des milliers déjà séquencés.

              Térébenthine avait été bercée dans son enfance par toutes ces histoires de famille. Souvent,

              pour illustrer le combat attaché au crocus Sativus familial, son grand père évoquait le souvenir
              de dessins illustrés imprimés sur du papier. Chaque dessin était agrémenté de texte. Toutes ces

              illustrations mises bout à bout racontaient les aventures d’un breton, habitant un village localisé

              à l’extrême ouest de l’Eurasie, qui s’opposait à un pouvoir central. Térébenthine se souvenait
              que le nom de ce breton était « Asperix le Bigoudenois » ou quelque chose comme ça !


              Elle entra dans la cuisine et salua toute l’équipe : « Eh Bien ! Demain il va y avoir du pain sur
              la planche ! Il va falloir faire visiter les installations à un nouvel inspecteur, effectuer le

              prélèvement servant à établir que le crocus Bigouden est bien unique, et enfin il faudra qu’on

              s’y mette tous pour lui préparer un bon diner ». Elle confia à sa propre fille la gestion de la
              multitude d’ordres d’achat qui ne tarderait pas à arriver sur la plateforme commerciale

              dématérialisée.

              Le restaurant de Térébenthine se nommait « Chez Marissé », du nom d’une très ancienne

              propriétaire du lieu, Marie Céline, qui gérait l’établissement avec son frère Bili. C’est ce que sa

              mère lui avait expliqué en lui léguant la bâtisse qu’elle-même tenait de sa grand-mère.

              Le lendemain en début d’après-midi, l’inspecteur Romain Marcello se trouvait à bord de sa

              voiture entre Larvor et Leskon. Comme il aimait s’adonner à la conduite manuelle, à
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              l’ancienne, il s’était fait plaisir sur la route ParisPole  – Kemper  , mais il avait ensuite activé le
              mode conduite autonome, basculé le fauteuil en mode canapé-lit et s’était assoupi. Le GPS
              l’avait fait passer par « Traon Léac’h an Dréau », puis par « La Palud du Cosquer » où

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              l’assistant électronique l’avait réveillé. Il lui signalait le musée André Dauchez  situé dans la
              maison que l’artiste avait fait construire dans les années 1900 pour y installer son atelier. Une
              page venait de s’afficher pour lui présenter quelques peintures, gravures et dessins de cet

              artiste. Il apprécia l’intermède culturel mais cloua du bout du doigt le bec à l’assistant.

              Il repensa à sa mission. Il se rappela le ton resigné, employé à tous les niveaux hiérarchiques de

              la Société des Hautes Instances Terrestres à propos de ce dossier : « Cette famille nous embête
              depuis plusieurs générations, mais nous n’avons jamais réussi à gommer cette exception, et



              3  Anciennement Paris et toutes ses banlieues
              4  Anciennement Quimper
              5  https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Dauchez


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