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crocus Sativus était, à l’origine, destiné à assurer la sauvegarde du patrimoine vivant et que cela

              s’est transformé en une gigantesque escroquerie !

              – Eh oui ma petite Téré ! cela s’est très vite transformé en un commerce très rentable pour la

              gouvernance mondiale, comme d’habitude ! » répondit la mère.

              Elle poursuivit en illustrant par un exemple que Térébenthine avait de nombreuses fois

              entendues :


              « Tu sais la famille Jakez à tout perdu lorsque, par décision politique, les crocus Sativus
              collectés sont devenus propriété exclusive de la Société des Hautes Instances Terrestres ».

              Térébenthine soupira en pensant aux exploitants qui avaient eux-mêmes contribué à alimenter
              les stocks et qui s’étaient retrouvés, à la suite de ce vol d’état, dépossédés juridiquement de

              leurs bulbes.


              « Oui ! et d’autant plus que tous les utilisateurs des bulbes et autres produits dérivés doivent
              s’acquitter depuis d’un droit d’usage , termina Térébenthine.


              – Tous sauf un ! » répondit la mère avec une fierté triomphale dans la voix et elle égrena une
              nouvelle fois l’histoire connue de tous dans la famille :


              « C’est ton arrière arrière arrière grand-père qui n’a jamais voulu donner ses bulbes lors de la
              collecte et, en homme de droit avisé, il a exploité un vide juridique dans la loi qui ne

              considérait que les crocus Sativus enregistrés et séquencés… ».


              Térébenthine termina l’histoire :

              « … et le sien ne rentrait pas dans cette catégorie ! et c’est après avoir gagné une longue

              bataille juridique qu’il exigea la propriété exclusive sur son crocus Sativus et tous les produits
              dérivés ».


              Elles continuèrent à deviser sur le sujet, puis avant de se quitter, Térébenthine demanda à sa

              mère de prendre bien soin d’elle. La mère, tout en faisant semblant de ne pas entendre, souhaita
              un bon courage pour le lendemain à sa fille.


              Alors qu’elle se dirigeait vers la cuisine de son établissement, Térébenthine se rappela ce
              qu’elle avait lu et entendu de l’histoire du crocus Sativus familial. Elle savait que la victoire de

              son ancêtre avait fait grand bruit à l’époque et que la justice n’avait pu qu’accepter sa demande

              de propriété exclusive. Elle savait aussi que la Société des Hautes Instances Terrestres, dans un





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