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Alzheimer, quelle terrifiante maladie. Ne plus se souvenir, ne plus être en capacité de faire les
gestes les plus anodins, perdre son autonomie. Il ne le supporterait pas. Quel drame pour ce
gamin.
Le commissaire Breton a tout de suite pris cette disparition au sérieux. Ces fugues sont très
fréquentes chez les malades. Mais vu son âge et la chaleur, les probabilités de survie sont
minces si on ne la retrouve pas rapidement. C’est une course contre la montre.
Son enquête a démarré ce matin par la maison de retraite. Cet endroit lui faisait froid dans le
dos, tout y était gris, aseptisé, anonyme.
Le personnel de l’établissement avait décrit une femme déjà très atteinte. Elle avait quitté
notre univers depuis un petit moment déjà. Elle revenait parfois à la vie par un regard plus
appuyé ou quelques mots à un ange.
Comment avait-elle pu quitter l’établissement sans être vu ? et pourquoi ?
Le commissaire avait bien sa petite idée. Il la redoutait même : partir pour mourir avec les
siens ou chez soi. C’est comme ça qu’il voudrait lui-même quitter ce monde le jour où son
heure arriverait.
Et pourtant…
Pourtant elle n’est pas retournée chez elle. Evidemment, cela eut été trop facile.
Ses hommes l’ont cherché partout, jusqu’aux endroits les plus sordides : caves, squats,
caniveaux, bennes à ordures…
La journée s’achève et toujours rien.
Sa dernière piste, l’ancien centre social du cours Lieutaud. Il semblerait d’après les derniers
interrogatoires qu’elle y passait tout son temps avant que la maladie prenne le dessus.
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Autour d’elle tout est noir. Ce tunnel est sans fin.
Elle ne distingue rien avec cette sorte de suie obscure et poussiéreuse.
Elle ne contrôle rien, son corps se déplace trop vite à son goût.
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