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Elle est complètement  effrayée  par  ce  ténébreux boyau.  Il faut qu’elle arrive maintenant.
               Soudain, elle aperçoit la lumière au loin. Son supplice va prendre fin. Elle sent la vitesse se

               réduire. La lumière se rapproche. Elle entre enfin dans cette clarté bienveillante.

               Les portes du métro s’ouvre enfin sur le quai de la station Notre-Dame-du-Mont.


               Lorsque Zalie sort enfin à l’air libre, elle prend une grande bouffée d’oxygène. La place grise

               et bétonnée est couverte de déchets. C’est toujours ainsi après le marché.

               Elle expire lentement pour évacuer sa crise de claustrophobie et les tensions accumulées

               depuis cette mauvaise nuit, puis repense à cette tournée sans fin, à présent derrière elle, à sa
               promesse.


               Elle revoit ce vieil homme assis sur son fauteuil plongé pour toujours dans les ténèbres. Elle
               ne pouvait pas refuser.


               Comment faire pour retrouver quelqu’un que l’on n’a jamais vu ?


               Elle a regardé toutes les photos sur les murs pour imprimer son visage, son allure. Cela
               suffira-t-il ?


               Dès la fin de son intervention au  5 ième   elle s’est rendue  au commissariat, avant de finir sa
               tournée, pour signaler la disparition. Mais personne ne l’a prise au sérieux. Comme une idiote,

               elle était tellement émue face à la détresse de  ce vieil homme qu’elle en a oublié de lui

               demander son identité. « Et puis une enquête pour disparition inquiétante de personne âgée est
               en cours dans le quartier ; il doit sans doute s’agir de la même personne », lui dit le policier.

               « L’enquête de voisinage a dû favoriser le bouche-à-oreille pendant le marché. Ne vous
               inquiétez pas ma petite dame, il s’agit sans doute de la même personne ».


               Décontenancé par le comportement du policier, Zalie ne pouvait se contenter de rester

               passive. Elle mènerait donc sa propre enquête, elle en avait fait la promesse.

               La voici donc à la recherche d’une vieille femme qu’elle n’a jamais vu. Elle doit être un peu

               folle avec toute la comptabilité qui l’attend.

               Tout à coup, elle aperçoit au loin une silhouette toute menue de vieille  dame qui quitte la

               place en direction des escaliers qui mènent vers le cours  Lieutaud. Sa vue de loin laisse à
               désirer mais la morphologie pourrait correspondre avec la disparue. Se pourrait-il que ce soit

               si simple ? ce serait une incroyable coïncidence.




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