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Elle n’était cependant pas encore au bout de ses peines : elle avait à présent parcouru une bonne
dizaine de mètres sur le trottoir, et elle ne distinguait toujours pas sa voiture. Elle se souvenait
pourtant avoir eu la chance de pouvoir se garer tout près de l’entrée de l’immeuble…
Elle dut se rendre rapidement à l’évidence : sa récente mésaventure, ajoutée à sa fatigue,
l’avaient désorientée, et elle avait tourné du mauvais côté en sortant de l’immeuble.
Elle fit demi-tour et accomplit le trajet en sens inverse.
Elle ne tarda pas en effet à apercevoir sa petite citadine, ce qui la rassura tout-à-fait,
Derrière son volant, elle dû encore batailler pour sortir du créneau : les véhicules qui
l’encadraient avaient changé durant le temps de sa visite et ceux-ci devaient être plus « longs » -
ou leurs propriétaires plus « indélicats » - de sorte que son espace de manœuvre se trouvait
considérablement réduit.
Dans un ultime effort elle se dégagea de cette étreinte oppressante pour s’immiscer
instantanément dans le flux par lequel elle allait se laisser porter pour parcourir les deux ou trois
kilomètres qui la séparaient de son domicile.
Arrivée dans son quartier, elle eût encore la chance de trouver rapidement une place libre.
Après avoir machinalement vérifié qu’elle avait bien verrouillé toutes les portières, elle traversa
la route.
Elle se retrouvait en territoire conquis, et elle avait presque déjà oublié sa mésaventure.
Encore quelques dizaines de mètres, et elle serait de nouveau chez elle, en sécurité, et toutes ces
petites contrariétés ne seraient plus qu’un mauvais souvenir…
Mais à peine eût-elle dépassé l’angle de sa rue, qu’elle l’aperçut. Planté devant l’entrée de sa
maison, comme pour se mettre une fois encore en travers de son chemin. Sans aller jusqu’à dire
qu’elle s’y attendait, elle n’en fut qu’à moitié surprise. Décidément ce type était plus tenace et
plus fouineur qu’un agent immobilier. Il avait dû avoir son adresse à partir de son numéro de
téléphone qu’il avait dû demander à son dernier client… Mais comment était-il arrivé là avant
elle ? Sans doute devait-il connaître un « raccourci »…
Elle songea une seconde à rebrousser chemin, et à revenir plus tard, quand il serait parti. Mais
une secrète intuition lui soufflait qu’il était capable de demeurer là, immobile, pendant des
heures. Ou bien qu’il pourrait faire semblant de s’éloigner pour mieux la surprendre…
N’importe comment, elle se trouva convaincue que quel que soit le moment qu’elle choisirait
pour rentrer… il se débrouillerait pour être présent. Cela lui paraissait inévitable.
Elle résolu donc de l’affronter et d’en finir une bonne fois pour toute.
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