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Lydie frissonna à cette idée et, rationalisant son envie de déguerpir au plus vite, se dit qu'il était

            quand même sensé de prévenir de  ces intentions malveillantes la cible de toute cette acrimonie.
            Appeler la police ne servirait sûrement à rien, ce "contrat" n'avait rien de crédible, vu la dégaine de

            la commanditaire, et les preuves seraient assez difficiles à apporter. "Mamie vous a donné 1000
            euros pour dessouder sa voisine ? Ahaha elle est très bonne", ricanerait l'officier d'astreinte.




            Alors elle décida d'agir plus directement : "J'aurais besoin que vous me confirmiez le nom exact de
            la personne pour que je l'identifie avant de la..."


            "Rose Berton", coupa la vieille dame, "mais ce n'est pas une jolie fleur, croyez moi"

            Lydie prit note mentalement, mit l'argent dans sa mallette et dit avec une assurance toute feinte:

            "Croyez moi, je ne vais pas la louper !". Mamie Zinzin entra alors dans une sorte de transe, jubilant
            à l'avance de son crime par procuration. Lydie souffla entre ses dents "A tout à l'heure !" et partit

            comme si le diable était à ses trousses.




            "Rose" chercha t-elle un instant plus tard devant les rangées de boîtes à lettres identiques du hall.
            "Rose Berton ! 5ème droite ? Mais c'est en face de Mme Mignard !"


            Elle regrimpa les marches quatre à quatre, avec l'audace des alpinistes inexpérimentés. Arrivée au
            cinquième, elle reprit son souffle, se pinça intérieurement pour se donner une composition et sonna

            à la porte fatidique. Quelle  genre de  femme  pouvait donc être cette Rose pour inspirer des
            sentiments aussi extrêmes ?




            Aussi fut-elle surprise de voir apparaître une vieille dame pâlichonne, mal fagotée et visiblement
            anxieuse qu'une inconnue vienne la déranger dans son foyer.


            Elle essaya de prendre un ton rassurant :

            - Bonjour Madame, je suis Lydie Fournier, l'infirmière de votre voisine.


            -  D'accord, d'accord, oui, ânonna son interlocutrice comme une défense automatique contre
            l'importune

            - Vous allez trouver ma démarche curieuse mais je sors de chez votre voisine âgée du 4ème et...


            - Mme Dupin ? La sorcière ? couina Mme Berton avec des yeux apeurés

            Je pense qu'on pourrait la décrire un peu comme ça, sans doute...songea Lydie, en acquiesçant avec

            gêne.
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