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garnies de serviettes brodées et entourées de couverts en argent, quatre verres ; au centre
trônait un bouquet de pivoines offrant à l’ensemble un délicieux air de printemps.
— Venez, je vous montre la suite.
Ils repassèrent par le couloir encombré pour pénétrer dans une vaste chambre qui devait être
celle d’un jeune garçon. Sur les murs bleus, des affiches représentant de célèbres équipes de
football ; devant la fenêtre, une table de travail peinte en bleu, avec sa chaise assortie ; près de
la table, une étagère bleue sur laquelle étaient empilés des jeux de société et quelques livres de
la bibliothèque verte ; contre le mur, un lit garni d’une couette épaisse décorée de motifs
Pokémon sur fond bleu…
— Qu’est-ce-que vous en pensez ? C’est pas mal hein ? C’est la chambre de Ryan, il aime le
bleu Ryan, il me l’a dit l’autre jour, au téléphone. Venez, avancez, je vais vous montrer celle
de Mélodie, vous allez adorer, elle est toute en rose.
Ils retraversèrent le couloir en enjambant quelques cartons avant d’entrer dans une véritable
bonbonnière : le petit boudoir dégageait un parfum de guimauve, de sucre candi, de fraise
Tagada. Sur les murs roses, des posters de princesses Disney, près de la fenêtre, un bureau
peint en rose et son petit fauteuil ; à côté du bureau, un berceau rempli de poupées ; contre le
mur, un lit couvert d’une couette rose à volants vaporeux…
Elle se demanda où pouvaient bien être les occupants de ces deux chambres aussi bien
rangées, mais il ne lui laissa pas le temps de poser la question.
— Mélodie s’y plaira, vous ne croyez pas ? Sans écouter davantage une éventuelle réponse, il
poursuivit :
— Retournons dans la cuisine, la tarte sera bientôt cuite, je vous raconterai le menu et nous
causerons des derniers détails. Suivez-moi ; oh, je sais ce que vous pensez, le couloir est un
peu en désordre. Mais c’est tout à fait provisoire, c’est à cause des travaux, je n’ai terminé
qu’hier. Vous repasserez la semaine prochaine, ce sera nickel.
Elle le suivit une fois encore à travers le couloir au milieu du joyeux désordre qu’offrait ce
long espace polyvalent. Tout en avançant il parlait :
— Je ne les ai pas vus depuis six mois, tout ça à cause d’un appartement, c’est inhumain. Je
sais bien que vous n’y êtes pour rien comme vous me l’avez dit au téléphone, c’est la juge et
mon ex-femme aussi, sans doute : une chambre pour chacun, et des espaces communs de
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