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– Ouaaais ! J’ai c’qu’il faut. Vous pouvez partir. Je me débrouillerai ! Et claquez pas la porte
               derrière vous !  Peut-être que l’autre va fini par arriver  et qu’elle sera  plus efficace que

               vous ! cria-t-il rageusement !

               Devant tant d’amabilité, l’infirmière quitta immédiatement et sans regrets ce malotru, pour

               emprunter l’escalier menant à l’étage supérieur. Une fois arrivée sur le palier, elle s’assura

               être au bon niveau, se disant qu’il était facile de se tromper  avec  ces  couloirs  qui se
               ressemblaient et ces  entrées d’appartements  toutes semblables… Après quand même une

               courte hésitation, elle se décida à frapper les trois coups habituels sur  la porte gauche et
               entendit  des pas  se rapprochant.  Avant que  la personne n’ait prononcé un mot, elle

               s’annonça :                                                         – C’est moi, Denise.

               – Bonjour Denise, entrez-donc ! lui répondit-on en ouvrant.

               Cette fois-ci c’était bien le patient qu’elle suivait depuis plusieurs mois. Au début, elle avait

               eu à intervenir pour des soins urgents, mais c’était maintenant un traitement de longue durée
               qui l’amenait régulièrement  dans cet appartement. Grand, toujours élégamment vêtu, sa

               chevelure blanche mettait en valeur des yeux bleu clair et un sourire malicieux.

               – Excusez-moi Monsieur René si je suis en retard mais…
               Il lui coupa aussitôt la parole, non parce qu’il ne voulait pas en connaître la raison mais parce

               que cela ne l’avait aucunement dérangé.
               –  Ne vous inquiétez pas Denise. Je n’ai pas vu le temps passer et votre retard m’a permis

               d’écrire quelques pages.
               – Encore ? Vous êtes donc constamment en train d’écrire ?

               – Je profite de chaque instant…lorsque j’ai des idées. Qui ne sont d’ailleurs pas toujours très

               bonnes !
               –Vous vous rappelez avoir  promis de m’en faire lire  quelques passages  ?  C’est peut-être

               l’occasion, non ?
               Gêné, Monsieur René sourit :

               – Elle est loin d’être terminé, vous savez…
               – Et bien une autre si vous préférez… Mais celle-ci, quel en est le sujet ?

               – Oh… C’est un récit peu crédible.

               – Vous éveillez mon intérêt … Dites m’en un peu plus !
               –  C’est une fiction abracadabrantesque !

               –  Allez, s’il vous plait Monsieur René…




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