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Elle passe devant lui,  s’apprête à refermer la porte, il perd l’équilibre, puis  s’écroule,  lourdement.
               Son nez a heurté  le chambranle, il saigne abondamment.  Elle écarte  la porte d’entrée avec fracas,
               se précipite.

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               -« Monsieur, monsieur, que se passe t’il ? »

               Elle aperçoit le sang qui s’écoule de son nez,  son œil vitreux, elle  le tire sur le canapé la, tout
               proche, tate son pouls, il est vivant. Elle voit ses bras, marqués  de tant de piqures. Son cœur se
               serre, il n’est pas vieux, déjà si usé. Elle ne  peut pas le laisser ainsi, en une fraction de seconde
               décide de  le soigne, C’est son métier. Elle sait ce qu’il faut faire. Professionnelle. Elle a sait  que si
               elle appelle la police, il sera pris en charge  certes mais interrogé, arrêté  aussi.  Elle ne le veut pas.
               Alors elle fait tout ce qu’il faut pour qu’il s’en sorte.

               Le cœur de l’homme ralentit, elle reste prés de lui, ne veut pas le laisser seul,  ne veut pas que la
               police l’emmène. Son regard erre sur la petite chambre, quelques pauvres vieux meubles, 2, 3
               vêtements roulés en boule par terre, une casserole dans l’évier à moitié pleine…

                Mon dieu quelle vie. Elle éprouve une peine infinie…

               Elle stimule son cœur par une injection et attend….attend…Elle rejette la pensée de la pauvre dame
               qui l’attend là haut au dessus de sa tête. Mais ne peut s’en aller, une force irrésistible la pousse à
               rester. Elle sait qu’elle devrait appeler les secours, puis partir mais non…

               Les minutes s’écoulent, peut être 1 heure, peut être 2 heures…elle n’a plus trop la notion du temps.
               Elle tient la main de cet homme. Prés de lui elle sent son odeur, une odeur misérable,  une pauvre
               odeur qu’elle reconnait.

               Elle se revoit fillette, tenant une main semblable. Son frère. Dans les dérives de la drogue. Son frère
               prisonnier de toute cette misère. Son frère qu’elle aurait tant voulu sauver. Son frère parti pour
               toujours… C’est sans doute là qu’est venue l’idée de soigner, de sauver peut être… Elle se raccroche à
               cet homme, le faire vivre, surtout qu’il ne meure pas. Elle sait confusément qu’elle ne pourrait le
               supporter.

               L’homme marmonne, s’agite mais ne reprend pas conscience. Elle lui met un linge sur le front. Essaie
               de l’apaiser, de le faire revenir parmi les vivants. Elle a abandonné la petite dame du dessus,  sa seule
               énergie est canalisée vers cet homme. Elle n’éprouve même pas de remord, rien,  sauver cet homme,
               sauver son frère. Elle est redevenue la fillette d’alors, la fillette qui n’avait plus aucune larme, la
               fillette morte elle aussi, ce jour là.

               La nuit commence à tomber, soudain un râle au dessus de sa tête. La vieille dame. La haut, seule.
               Mourante. Une pensée l’effleure soudain, est elle un  monstre ?  d’un haussement d’épaule, elle
               rejette l’idée. Tout lui est égal, même le jugement des autres, elle sait qu’en restant assise là, sans
               rien faire, elle va tout perdre, travail, confiance, amis,  sa vie quoi… Mais elle n’en n’a que faire. En
               franchissant cette porte au 4 éme étage, elle est devenue autre.



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