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N° 56 Y’A PAS PHOTO
Elle avait eu maintes fois l'occasion d'être appelée pour des soins urgents au 32, avenue du
manoir, 5ème étage, porte gauche. Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit d'insomnie, elle
s'arrêta au 4ème étage, et frappa porte gauche. A peine s'était-elle aperçue de son erreur,
qu'une
voix résonna dans la pièce du fond :
- Enfin ! Je vous attendais.
- Oui je me doute, je suis à peine en retard !
Bon c’est vrai la nuit avait été courte, une soirée trop arrosée l’avait empêché de trouver le
sommeil. Mais quand on est infirmière libérale, on ne peut pas laisser tomber ses patients. En
plus de 10 années d’exercice, elle avait vu l’évolution des mentalités de ses patients qui
étaient devenus de plus en plus consuméristes.
- Entrez ! la porte est ouverte.
Elle poussa la porte et s’aperçut qu’elle n’était pas dans le bon appartement. Elle allait faire
demi-tour en s’excusant quand la voix lui intima sèchement de venir la rejoindre. Elle avança
vers la salle de séjour. Une femme, environ 30 ans était étendue sur le canapé. Elle était
maigre et avait les traits tirés.
- Je m’appelle Chloé, c’est moi qui vous ai appelé. Vous voilà enfin ! J’ai cru que vous
n’arriveriez jamais. En tout cas vous êtes arrivée avant l’inséminateur, heureusement.
Vous qui lisez ce texte, je vous dois quelques explications ! Nous sommes en 2123, la
population mondiale a été décimée par plusieurs virus. Pour lutter contre cette situation, le
gouvernement a imposé par décret que chaque femme en âge de procréer ait au moins un
enfant. Pour les célibataires des « inséminateurs », triés sur le volet, ont été formés. C’est
cette personne que Chloé attendait fébrilement. Mais reprenons le cours de notre récit.
- Attendez, madame, il y a erreur je suis infirmière et je viens faire une injection à la
personne qui habite l’étage du dessus.
- Oui, peu importe j’ai besoin d’une infirmière et vous êtes là. J’attends l’inséminateur
et j’ai besoin d’une présence féminine et d’un avis médical si besoin.
- Bon écoutez je suis d’accord mais je vais d’abord faire les soins chez la personne qui
habite au-dessus et je reviens de suite, dit-elle en sortant.
Sur le palier, elle croisa un jeune homme avec une mallette, visiblement perdu.
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