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« Non ce n’est pas ici, vous vous  trompez d’étage ». Un petit plaisantin habitait là ou bien…ce petit

            mot lui était destiné ! Elle devenait parano, le cauchemar recommençait ! Elle fut prise d’un vertige
            et s’assit sur une marche en attendant que ça passe. Calmée un peu, elle monta lentement l’étage

            pour arriver chez son patient. Elle frappa, celui-ci lui cria d’entrer d’un ton enjoué (il avait l’air plus
            en forme qu’elle !). Elle ne reconnut pas l’appartement qui avait été refait à neuf et meublé

            complètement différemment. Elle complimenta l’occupant des lieux qui lui répondit qu’il n’y était
            pour rien et que c’était son fils décorateur, peintre, tapissier (il savait tout faire) qui avait pris les

            choses en main pour donner un coup de neuf dans le logis. C’était réussi. Ça sentait encore la

            peinture fraîche. Elle lui demanda l’air de rien si son nouveau voisin du dessous avait le sens de
            l’humour pour mettre des petits écriteaux à sa porte comme celui qu’elle avait lu tout à l’heure.


            _ « Quelle sorte d’écriteau ? » dit-il. C’est vrai qu’avec sa jambe cassée, il ne descendait pas

            l’escalier et se faisait apporter ses courses. Elle lui raconta qu’elle avait lu : « Non ce n’est pas ici,
            vous vous trompez d’étage ». Il rit à s’en décrocher la mâchoire et son hilarité passée, il lui expliqua

            qu’il lui arrivait souvent d’avoir la visite d’importuns qui voulaient  lui vendre telle ou telle chose
            ou pour faire des enquêtes. Alors c’était sûrement pour éviter les démarcheurs que son voisin avait

            écrit ce petit mot. Ils comprenaient ainsi qu’il valait mieux passer leur chemin et du coup ils se

            retrouvaient chez lui au  5ème ! Sympathique le nouveau voisin !  Elle était soulagée, c’était une
            coïncidence et comme elle ramenait tout à sa propre histoire, elle avait cru un instant qu’elle était

            visée. A nouveau sereine elle s’apprêtait à quitter son patient quand il lui dit :

            _ «  Cet homme a quand même raconté à mon fils l’autre jour qu’on lui avait rapporté que la femme

            de l’ancien occupant des lieux( vous savez celle qui était partie brusquement) était repassée un jour

            en ayant le culot de faire croire qu’elle s’était trompée d’étage . A partir de ce jour il a décidé qu’il
            n’attendrait plus, qu’il était guéri. C’était elle qui n’allait pas bien. Il a préféré partir très loin pour

            être sûr de ne jamais la revoir ! C’est triste ! C’est peut-être lui qui a mis le panneau après tout pour

            montrer qu’il n’était pas dupe  et le panneau est resté. Le nouveau propriétaire le trouve utile pour
            éloigner les démarcheurs .Quelque chose ne collait pas. Quand avait-il mis ce panneau ? L’homme

            était déjà parti le jour des déménageurs, or elle n’avait pas vu  d’écriteau à la porte ni ce jour-là ni
            les suivants. Elle ne l’avait peut-être pas vu tout simplement, troublée comme elle était ce n’était

            pas étonnant. Elle s’écroula presque sur une chaise et en tremblant elle demanda complètement
            abattue : « J'aurais peut-être pu être sa femme après tout, qu’en dites-vous ? Elle était prête à tout

            entendre :








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