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N° 54                                                Maudite erreur !


             Elle avait eu maintes fois l’occasion d’être appelée pour des soins urgents au 32, avenue du manoir,

            5 ème  étage, porte gauche. Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit d’insomnie, elle s’arrêta au 4 ème
            étage, et frappa porte gauche. A peine s’était-elle aperçue de son erreur, qu’une voix résonna dans

            la pièce du fond: « Enfin! Je vous attendais »


            _ « Excusez-moi, je me suis trompée d’étage, la fatigue…Vous devez faire erreur » dit-elle, « ce
            n’est pas moi que vous attendiez, vous êtes fatigué vous aussi ».


            _ «  Si, si » reprit la voix grave, « n’allez pas vous évanouir dans la nature comme la dernière

            fois ! »

            _ « Quelle dernière fois ? »


            _  « La dernière fois que vous vous êtes trompée d’étage ! Vous avez la mémoire courte ! Vous

            vous êtes trouvée tellement bien chez moi que vous êtes restée et puis un jour, vous êtes partie

            acheter des allumettes et vous n’êtes pas revenue. La mémoire vous revient ? »

               Cet homme racontait n’importe quoi mais elle ne pouvait pas faire demi- tour, la voix de l’homme

            était chaude presque envoûtante et elle était curieuse de voir à quoi ressemblait la personne restée
            dans l’ombre. Elle s’avança. Elle fut surprise de constater que la voix ne correspondait pas au

            physique qu’elle s’était imaginé .L’allure de l’homme était plutôt ordinaire et la voix charmeuse ne

            semblait pas émaner de ce corps. C’était plutôt curieux. En tout cas,  elle ne connaissait pas ce
            bougre, elle ne l’avait jamais vu, que lui racontait-il là ? Il ne semblait pas agressif du tout. Elle

            n’était pas peureuse et la curiosité l’emportait. Elle avait l’habitude de constater autour d’elle des
            situations un peu compliquées. Là, elle était servie ! Elle fit un pas de plus dans l’appartement et vit

            que le petit déjeuner était servi pour deux. Sa femme était sans doute encore couchée. Il ne devait

            pas avoir sa tête à lui, mieux valait partir. En se retournant vers la sortie, elle dit aimablement :

            _ « Au revoir et bonjour à votre femme »


               La phrase prononcée par l’homme la glaça sur place :


            _  « C’est VOUS  ma femme »


               Elle se ressaisit, se tourna vers lui et lui dit :







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