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Ils se connaissaient depuis le séjour de Barthélémy en Bretagne : il avait loué une
petite maison de pierre entourée d’un jardin clos lumineux et fleuri et y avait vécu
pendant plusieurs mois afin de préparer une série de concerts. Ils s’étaient
rencontrés alors que chacun d’entre eux flânait par un après-midi ensoleillé, sur les
rives de l’Odet. Leur amour avait grandi aux fil des mois. La veille du départ de
Barthélémy, ils s’étaient « fiancés », se promettant de se retrouver à son retour.
Angèle, regardant le paysage défiler, se promit de ne plus penser aux récents
évènements. Elle désirait se concentrer sur l’avenir qu’elle allait construire avec
Barthélémy et leur enfant. Elle se sentait de nouveau pleine d’énergie et d’optimisme.
En arrivant à Paris, Angèle se dirigea vers la Rue de l’Ouest où vivait la fille de son
ancienne nourrice : Yvonne. Elles avaient grandi ensemble au manoir se considérant
comme sœurs. Yvonne habitait la capitale depuis trois ans et venait d’épouser un
jeune boulanger, breton lui aussi.
-Angèle ! Comme je suis contente de te voir ! s’exclama Yvonne en ouvrant la porte.
Elles se jetèrent dans les bras l’une de l’autre, heureuses de se retrouver.
-Ma mère n’a jamais voulu que je t’en parle mais maintenant je peux te le dire : j’ai
quitté le manoir pour échapper au harcèlement de ton cousin Louis-Gontran. La
religion à la bouche mais la main sous mes jupes ! Quel porc ! dit Yvonne
lorsqu’Angèle lui eut expliqué la situation.
-Bonjour mademoiselle ! et re-bonjour à ma merveilleuse épouse ! lança un homme
au visage sympathique et tavelé de multiples taches de rousseur, en entrant dans la
cuisine confortable où elles bavardaient en épluchant des légumes.
-Anne, je te présente Malo, « mon mari presque parfait ». Et, Malo, voici Angèle, ma
sœur de lait et sœur de cœur.
-Et donc ma « belle-sœur de cœur » dit-il en souriant chaleureusement.
« Comme ils s’aiment, comme ils ont l’air heureux ! » pensa Angèle ravie.
-Mon apprenti vient de se marier et de retourner à Brest avec sa femme,
l’appartement sous les combles est donc libre : il est pour toi, aussi longtemps que tu
le voudras, Angèle ! ajouta-t-il.
-Merci ! Je ne vous dérangerai pas bien longtemps, dès demain je vais retrouver
Barthélémy.
La soirée fut douce, ponctuée de grands éclats de rire et baignée de chaude amitié.
L’appartement sous les combles était blanc et lumineux, le mobilier, simple et
confortable : Angèle y passa une excellente première nuit.
Le lendemain matin la vit se diriger vers une prestigieuse brasserie où travaillait
Moïse, le frère de Barthélémy.
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