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Son examen terminé, elle prescrivit un anxiolytique que Juliette, l’aide-ménagère,
irait chercher le lendemain à la pharmacie. Monsieur Armand était en assez bonne
constitution physique eu égard à son grand âge, mais sa santé mentale et son moral
commençaient à se dégrader.
Avec en tête la seule pensée de poser quelques jours de congés, Sylvie rentra chez
elle se coucher.
*
Une quinzaine de jour plus tard, revenue d’un séjour court mais revigorant sur la côte
bigoudène, Sylvie trouva un message sur son répondeur : Monsieur Armand était
sujet à une grave complication.
Elle gara sa voiture devant le 32, avenue du manoir. En sortant du véhicule, elle se
fit la réflexion que la rue semblait plus lumineuse que les fois précédentes. Sans
chercher à comprendre le phénomène, elle s’engouffra dans la cage d’escalier et
commença à en gravir les marches.
Elle croyait être arrivée au troisième étage quand elle constata que l’escalier
s’arrêtait là. Sur la porte de gauche, une petite plaque de laiton gravée : Monsieur
Armand.
Sylvie resta un instant immobile sur le palier, interloquée. Jamais cinq étages
n’avaient été si faciles à monter. Était-ce un effet bénéfique du climat breton ? Elle
essaya de compter les étages en se penchant au-dessus de la rampe, mais
l’obscurité l’en empêcha.
Elle frappa à la porte de gauche. La voix chevrotante de Monsieur Armand traversa
le huis clos : « Entrez, je vous attendais ! »
Elle entra dans l’appartement et se dirigea vers le salon. Elle y retrouva Monsieur
Armand avachi dans son fauteuil, entouré par son désordre qui semblait plus fourni.
« Ou alors, les murs se sont rapprochés » pensa-t-elle facétieusement.
Le visage émacié de Monsieur Armand émergeait de la couverture qu’il avait jetée
sur ses épaules. Ses yeux roulaient au fond de profonds orbites et manifestaient un
intense désarroi. Elle posa sa sacoche tout en l’interrogeant du regard.
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