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Le ton rogue de l'inconnu confirma son malaise et ne l'incitait  pas à se  montrer
               agréable. Mais elle avait l'habitude des malades dont l'humeur était parfois altérée

               par la douleur et se  composa  un visage neutre.  Elle s'attendait à tout,  mais  en
               pénétrant dans la pièce du fond, elle dut se retenir pour ne montrer sa surprise.


               Ce qui l'intrigua tout d'abord, c'était la lumière artificielle qui y régnait. D'épais rideaux

               noirs obstruaient les  fenêtres. Seuls  des lampions d'un rouge  profond  apportaient

               une lueur sinistre, qu’elle trouva à la limite du vulgaire. Elles convergeaient vers une
               sorte d'estrade. A son centre, était allongé un homme d'âge moyen - comme elle,

               pensa-t-elle aussitôt - au visage torturé, à la vue duquel Mélina eut un sursaut. Le
               regard la  fouillait,  elle se sentait  mise  à nu et elle resserra son gilet d'un geste

               machinal.


               - Vous avez apporté ce qu'il faut ?


               L'infirmière réfléchit très vite, l'apparence souffreteuse de l'homme lui laissait
               supposer qu'il avait lui aussi besoin de soins. D'ailleurs, il n'avait pas paru surpris en

               voyant sa trousse d'infirmière ornée de la croix rouge. Mais elle ne savait toujours
               pas ce qu'elle était censé faire. Intriguée, curieuse d'en savoir plus, elle prit le parti

               d'un demi mensonge.


               -  J'ai été appelée en remplacement à la dernière minute et n'ai pu avoir toute les
               précisions. Pouvez-vous me donner l'ordonnance ?


               Avec un sourire narquois, l'homme tendit mollement le bras l'engageant à saisir un

               document dans un  tiroir. Au passage, Mélina aperçut les multiples piqûres qui
               remontaient du poignet au coude. Elle commençait à se sentir  nauséeuse, la tête

               alourdie par les parfums d'encens. Elle devait aller vite, maintenant.


               Un coup d'œil sur l'ordonnance lui avait suffi : méthadone et Subutex, cet homme
               était en sevrage. A en juger par les doses, il avait été gravement intoxiqué par des

               drogues dures.  L'homme jaugeait sa réaction,  prêt  à bondir si  elle  se montrait

               maladroite. Heureusement, il ne s'agissait pas de pratiquer des injections mais de
               contrôler l'absorption des médicaments.


               - Il vous reste peut-être quelques doses ?
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