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déplaçait, son infirmière aurait le temps de repérer le tableau de Georges et de se préparer à le
               dérober.


                 L’intérieur de la boutique était assez sombre, la lumière du jour entrait à peine par la porte
               ouverte et la vitrine surchargée de livres en présentation. Tout était comme Georges l’avait

               décrit, Emy ne remarqua  pas  non plus de  caméras de surveillance,  l’antiquaire faisait

               confiance à ses clients, c’était rare et tout à son honneur, bien qu’un brin naïf peut-être. Le
               tableau était posé sur un petit chevalet, lui-même posé sur une commode ancienne en noyer.

               C’était une marine de petit format qui entrerait facilement dans son sac tote en toile. Un cartel
               indiquait : « Coucher de soleil à Beg-Meil, Baptiste Jean, 1895 – 120€ » Sacré Georges ! Il

               n’avait pas fait semblant d’exagérer la somme demandée par le vendeur. Il n’y avait que deux

               personnes dans la boutique, deux hommes dans la cinquantaine. L’un regardait une sculpture
               équine, l’autre bavardait avec l’antiquaire qui avait à peine salué Emy lorsqu’elle était entrée,

               sans  même  la regarder.  Elle entendit le bruit  de la chute à l’extérieur, elle souhaita que
               Madame Talamot eût quelque talent de cascadeuse, son poignet avait eu du mal à se remettre

               lors de la chute qui avait permis leur rencontre, une deuxième fracture  serait encore plus
               compliquée à guérir. L’antiquaire et les deux clients se précipitèrent dehors, Emy juste après

               eux. Elle s’avança vers Madame Talamot qui avait déjà été relevée.  Leurs regards se

               croisèrent. Elle allait bien, elle jouait son rôle à la perfection, encore comme sous le choc de
               sa chute. Elle tentait de se remettre devant son déambulateur dont un des clients vérifiait le

               bon état.  Emy s’éloigna vers la rue où l’attendait Georges. Dès qu’elle en passa le coin elle
               entendit le bruit du moteur mis en  route,  arrivée à hauteur du  véhicule  elle s’installa,  et à

               peine avait-elle refermé la portière que Georges s’engageait sur la voie.




               - Est-ce que vous ne trouvez pas qu’il rend merveilleusement bien sur mon mur, Mesdames ?


                 Georges avait préparé un petit buffet et sortit les coupes de champagne. Ses deux complices
               mises sur leur trente-et-un acquiescèrent de concert. Georges leva sa coupe :


               - À vous deux qui m’avez permis de retrouver ce cher souvenir d’enfance, et qui me faîtes

               surtout l’honneur de votre inestimable amitié !

                 Emy, tout sourire, ajouta :


               - À vous Georges, à votre patience, et à votre audace !

                 Philomène Talamot approcha son verre de ceux des deux autres :

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