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Dans la forêt du doute, nectar éclairé de lune sur la paroi de l’âme, les plus beaux messages
               jouent à saute-saison vers le précieux sésame. Arc-en-ciel de mots laissant jaillir le sang, que

               la mort guide vers le vrai soleil. Profite de mon corps qui encore ignore l’incertitude du temps

               qui passe, les stigmates de la prochaine solitude.

               Amie de toute une vie, tu ne peux pas m’abandonner. Je t’ai respiré, avalé, presque injecté,

               j’ai fini par oublier le jour, par renier la vie. Je ne rêvais plus, je flottais dans la nuit. Jusqu’au

               fond de l’oubli, tu m’as poursuivi. J'aurais voulu te rejeter, te renier, je n'ai fait que
               m'enfermer, m’abandonner et m’isoler dans le plaisir éphémère des vagues scélérates, laissant

               le doux poison couler dans mes veines et me chloroformer. Je t’aime et je te hais, amante
               nécrophage qui me ronge et m’hydrate d’une dépendance ingrate, qui me trompe et m’offre le

               baiser de Judas.


               Je vais hurler, pleurer, supplier, implorer et prier. Si j’affronte la nuit, c’est pour mieux revoir
               le jour, et ne plus t’obéir, toi qui me fais souffrir. Je veux enfin sourire, ne plus m’anéantir, ne

               plus m’engloutir, ne plus me maltraiter. Peut-être le temps, aujourd’hui suspendu, finira-t-il
               par m'aider à t’oublier, sans jamais te regretter. Une dernière fois, avant de te quitter, entre en

               moi, au plus profond de moi, habille-moi d’un manteau de compassion, éloigne de moi cette

               boule couleur de deuil, noir de mort, qui m’angoisse et me grime.

               Alors seulement, mon âme jouira, dansera au son du violon ou de la harpe, écharpe de beauté

               qui même nue me pare ; postillons d’allégresse, de vérité et d’amour.


               Toi l’amie d’une vie, qui devient l’astronome de ma peau, j’entends sonner les heures
               régulières. Je n’ai pas oublié la couleur de la terre, mais ce déchirement brille aux portes du

               mal, je touche le mur froid sans pouvoir le saisir, je touche l’au-delà sans pouvoir y mourir,

               mon âme extasiée choisit les fleurs du mal. Riant à l’obscur de l’enfer, refusant le soleil, tu
               t’arraches aux doux liens de mon corps; esclave consentant d’un doux somnifère, proie

               délicieuse d’une main mortifère aux sens défigurés qui s’offre l’holocauste d’un corps enivré,
               et emporte son extase vers une lune de miel.


               Sur le parvis de l’aube, insensible et butée, tu sonnes le départ vers le dernier voyage, tu

               mouches les chandelles. C’est l’heure, annonces-tu, sombre fatalité, c’est toi, l’envoyée de la
               triste nouvelle. Acharnée prétentieuse, qui détruit les plaisirs du chêne de l’espoir dont tu

               détaches les feuilles. Je sens dans mon dos le souffle du vent qui enlève nos désirs, laissant

               presque à mes pieds, les élues que tu cueilles.


               6 – 12 ième  Edition Concours de Nouvelles sous la Plume - 2021
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