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De grosses larmes perlèrent aux paupières d’Alice. A cet instant, Yann Sagory qui revenait
du percolateur un café à la main les aperçut et vint s’installer à leur table. Observant le trouble
d’Alice, il lui prit la main en lui demandant gentiment :
⸺ Qui est-ce qui nous vaut ce gros chagrin ? Ce n’est sûrement pas François, il ne ferait
pas de mal à une mouche.
Il regarda interrogativement François Larrieux qui le ramena vers Alice d’un discret
mouvement de tête. Devinant soudain la raison de l’émotion de son assistante, il poursuivit
sans lâcher sa main :
⸺ Je suis ravi que ce soit toi qui m’accompagne pendant le tournage, mon chou. Il ne m’a
pas fallu longtemps pour comprendre que tu étais quelqu’un de bien, sur qui je pouvais
compter. J’ai confiance, tu vas m’être d’un grand secours pendant ces quinze jours.
Et il ajouta après réflexion :
⸺ J’ai dit n’importe quoi ce matin, ne m’en veux pas, j’ai fait une nuit blanche. Allez, en
route pour mon appartement…
*
Allongée sur son lit, Alice observe les étoiles fluorescentes collées au plafond. Elle a fermé
les volets. Il n’est pas tard pourtant, mais l’obscurité l’aide à réfléchir. En reconduisant
Sagory, elle pensait que les stars sont versatiles. L’homme exigeant et arrogant du matin
s’était révélé attentionné et prévenant l’après-midi. Elle ne serait hélas pas la femme de sa vie.
Quel dommage ! Elle revécut la journée, et repensa à Gaël de qui elle avait usurpé la place.
« Il avait de beaux yeux, lui aussi » murmura-t-elle.
Elle se leva, fouilla les poches de son manteau, et retrouva le ticket de bus.
⸺ Allo ? Gaël ? C’est Alice. On s’est vus tout à l’heure au port. Tu es libre demain soir ?
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