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- Oui, y a un sandwich au jambon dans la boîte à gants. Vous trouverez aussi une
                      bière si le cœur vous en dit.

                            - Non merci, j’ai fait les courses ce matin et j’ai des artichauts qui m’attendent
                      pour mon dîner.

                            - Début avril, c’est archi tôt pour des artichauts !

                            - Ben, c’est les tout premiers oui.

                     La fourgonnette s’aventurait maintenant dans une zone  de terrains vagues. Allait-on

               enterrer le corps ? Le passer dans la chaux vive ? Le brûler ? Que dire et ne pas dire pour que
               cette armoire à  glaces  ne découvre pas le malentendu ?  Quelle était cette organisation de

               tueurs à gages ? Comment ce type patibulaire la supprimerait-elle une fois le pot aux roses

               découvert ? Sophie  dévorée en son  for intérieur par ces questions  s’ingéniait  pour les
               apparences à rester laconique et évasive quand elle répondait aux questions de l’homme de

               main.

                     Personne ne l’attendait chez elle, personne ne remarquerait sa disparition, c’est le lot

               des gens qui vivent seuls. Elle allait surement finir dépecée elle aussi, enterrée à la va-vite

               dans un endroit improbable. Elle jeta un coup d’œil à la scie sanguinolente et sentit un long
               frisson lui parcourir le dos. Quelle histoire tragique et absurde, voilà comment on meurt ! La

               mort est toujours absurde, la vie aussi…

                     La camionnette prit un chemin de terre qui aboutissait à un grand hangar. A sa porte se

               tenait un homme vêtu d’une saharienne et d’un short long.

                            - C’est Lucien qui nous attend, fit la brute.


                     Sophie se préparait à partir courir vers la route dès que la voiture s’arrêterait et tenter le

               tout pour le tout pour sauver sa vie. Malheureusement le véhicule stoppa juste devant Lucien.

                            - Je suis venu avec ton assistante, elle m’a bien aidé, fit le colosse en sortant de

                      la fourgonnette.

                     Lucien ouvrit la portière de Sophie et très galamment lui fit un baise main.


                            - Chère madame, je suis enchanté de faire votre connaissance même si ce n’était

                      pas vous que j’attendais.  Je  suis Antoine Melville,  réalisateur  de son état  et vous
                      connaissez déjà Manu,  le meilleur  accessoiriste  du cinéma  français.  Il n’a pas son

                      pareil pour fabriquer des objets au réalisme parfait. Nous sommes en train de tourner



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