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Prise de panique, Marie reprit rapidement ses esprits et évalua la situation :
Oui, il se passait quelque chose de louche mais pas là où ils étaient. Le capitaine
avait reçu une mauvaise information ou alors, comble du ridicule, il s’était
trompé d’étage, comme elle ! Parce que les trucs bizarres c’était au 5 ème et elle
en savait quelque chose parce qu’elle y était mouillée jusqu’au cou !
Les souvenirs défilèrent à une allure folle dans sa tête : Un an auparavant elle
avait fêté son diplôme d’infirmière avec des amis et quelques élèves de sa
promotion. Une soirée bien arrosée et un pari fou en fin de nuit à celui qui
rapporterait de la cocaïne pour un « after » à tout casser.
Il se trouve qu’elle connaissait un gars dans son quartier qui dealait
visiblement. Il était posté en bas de l’immeuble dès le matin à attendre le
client. Complètement désinhibée par l’alcool, elle qui d’habitude était si
réservée, elle se proposa d’aller en acheter.
La matinée fut complètement déjantée en effet et les effets du produit et de
l’alcool s’étant dissipés elle regratta amèrement de s’être comportée comme
une idiote. L’histoire aurait pu en rester là avec ses remords mais quelques
jours après, alors qu’elle rentrait d’une visite à domicile, un inconnu l’accosta
sur le chemin du retour.
« Je sais que tu es infirmière alors tu fais pas d’histoire et tu me suis. Je sais
aussi que tu as acheté de la drogue à mon revendeur alors si tu refuses, un
petit coup de fil et hop, je te dénonce. Pas à la police mais à tous les gens du
quartier que tu soignes. Adieu le boulot ! »
Elle habitait là depuis sa petite enfance, elle y avait sa famille, ses amis et ses
patients. Pas question de tout gâcher !
Transie de peur, elle décida de le suivre et c’est ainsi que régulièrement elle
était appelée au 5 ème pour soigner un œil au beurre noir, une arcade sourcilière
fendue, une blessure plus sévère. Des soins contre le silence !
Alors, là, maintenant, tout de suite, elle avait l’opportunité de se débarrasser
de cette situation de chantage dans laquelle elle s’était fourrée ! Il fallait saisir
cette chance ! Elle allait enfin pouvoir se venger de toutes les humiliations !
« Suivez-moi » dit-elle au policier. « Vous n’êtes pas au bon endroit » ! Elle
l’entraîna dans l’escalier, gravit un étage, frappa à la porte quand une voix lui
répondit « Enfin, je vous attendais ! »
Geneviève GUIZIOU Lesconil