Page 126 - affiche-plume-2020.indd
P. 126

N° 22                     L’APPRENTIE MAGICIENNE




            Elle avait eu maintes fois l’occasion d'être appelée pour des soins urgents au 32, avenue du manoir,
            5ème étage, porte gauche. Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit d’insomnie, elle s’arrêta au 4ème

            étage, et frappa porte gauche. À peine s’était-elle aperçu de son erreur, qu’une voix résonna dans la

            pièce du fond :
                -    Enfin ! Je vous attendais.

            Indécise, elle ouvrit la porte. Sur qui allait-elle tomber ? Un fantôme ? Un sorcier ? Elle vit alors un
            homme, de taille moyenne, avec une longue tunique qui lui arrivait jusqu’aux pieds. Il s’avança vers la

            jeune femme, le regard impassible. Il la rassura:

                -    Vous êtes à la bonne porte, mademoiselle, même si vous ne le pensez pas.
            Elle n’eut pas le temps de protester qu’il lui dit avec persuasion :

                -    Cela  vous plairait-il  de devenir mon  assistante ?  Avant de  refuser,  tournez sept fois votre
                    langue dans votre bouche. Je vais  vous expliquer le concept. J’ai un grand projet : partir  en

                    voyage pour faire des tours de magie, des spectacles et plein d’autres choses encore.
            La jeune femme ne comprit pas dans quel guet-apens elle s’était engouffrée ; elle prit son courage à

            deux mains pour lancer :

                -    Et en quoi pourrais-je vous être utile ?
                -    Oh, mademoiselle, c’est une longue histoire, déclara le magicien. Mais je vais vous la raconter

                    car vous m’avez l’air bien curieuse. Il y a longtemps, un de mes ancêtres, qui était trop vieux et
                    trop malade pour continuer son métier de magicien, a demandé à son fils de prendre sa place. Le

                    vieux était justement le président de ce manoir et dirigeait tous les magiciens. Son fils a accepté,

                    mais son père l’a mis en garde : « Pour devenir un vrai magicien, il faut faire un long voyage. Et
                    il faut en  revenir  vivant. Débrouille-toi,  mais reviens  sain et sauf. Sinon, notre famille de

                    présidents s’arrêtera  ».  C’était  une promesse  qu’il fallait et qu’il  faut toujours tenir, le plus
                    souvent de  père  en fils.  N’ayant pas de descendant, il me  faut  trouver  et former  la  bonne

                    personne qui saura perpétuer cette tradition. Je suis magicien, je vous ai pressentie dans cette

                    tâche immédiatement. J’ai besoin que vous soyez à mes côtés, et qu’à terme, vous repreniez
                    mon travail. Êtes-vous intéressée ?

                -    Pourquoi pas. Je pense  que je peux le faire. J’ai une question : est-ce-que les présidents
                    peuvent aussi être des femmes ?








                                                            1
   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131