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N° 20 Joyeux anniversaire !
Bourrin. Elle était choquée. Elle avait même cherché le terme dans le
dictionnaire pour savoir ce que ce mot recouvrait. De prime abord, ça ne me
semblait pas très vexant, mais sa fille l’avait très mal pris. « Est-ce qu’on
traite sa femme de bourrin ? », avait hurlé Catherine au téléphone, exaspérée
par le comportement de Stéphane face à leur nouvelle situation. Elle avait
quitté le domicile conjugal, certes, mais il n’avait pas tous les droits ! On
allait voir ce qu’on allait voir ! Elle ne se laisserait pas faire ! Après tout,
elle avait mis beaucoup de sa personne dans cette maison et elle avait droit à
sa part. Mais Stéphane ne voulait pas l’entendre. Tantôt il se plaignait et
faisait la sourde oreille, tantôt il devenait virulent à son égard. La salope !
Elle l'avait abandonné ! Lui, sa vie, la maison… Elle avait osé rayer en un
week-end toute leur existence commune et le laisser seul. Tout seul. C'était
insupportable ! Comment lui faire payer ? Il ne lâcherait rien. Elle verrait
bien. Elle voulait la guerre ? Elle l'aurait !
Bourrin, de bourrique. Mot familier du Sud-Ouest : personne bête et têtue.
« Quelle bourrique ! ». Qui ne veut pas avancer ou qui ne veut pas aller là
où on lui dit ? Dans l'esprit de Stéphane, ça devait être un peu ça. Refuser,
s'opposer, contester : quel bourrin que cette femme ! Quel tempérament !
Pourquoi l'avait-elle quitté ? Pourquoi ne l'aimait-elle plus ? Qu'avait-il fait
de mal ? Il demeurait inconsolable sur le sujet. Sa femme s'en fichait pas
mal et lui réclamait des sous, des meubles et je ne sais quoi encore… Il avait
eu beau essayer de lui expliquer qu'il n'allait pas tout perdre pour lui faire
plaisir, elle continuait à manifester son impatience. Quel bourrin !
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