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-Oh ma pauvre Rose ! Oh la la oui, bien sûr venez ! Quelle histoire !




            Dans le salon douillet  de sa patiente,  Lydie reprit le pouls de Mme Berton, celle-ci respirait
            faiblement mais distinctement et sa blessure était contenue.


            Au moment où elle déballa sa mallette,  elle entendit un  grondement de colère venant de
            l'appartement du dessous. Les choses s'envenimaient chez Mme Dupin ! Lydie pensa que la méprise

            entre elle et la vraie tueuse était découverte. Mme Mignard bredouilla machinalement "Voilà encore
            les grognements de Mme Dupin ! On est habitués maintenant, mais qu'est ce qu'on y peut hein".

            Lydie frissonna à l'idée que cette amazone monte dans les minutes à venir.



            Soudain, un bruit familier anima la  rue : les sirènes du SAMU agirent  comme le  clairon de la

            cavalerie sur le cœur de Lydie, qui, s'excusant auprès de Mme Mignard, jeta un coup d'œil dans la

            cage d'escalier pour observer les événements. Alors que l'équipe médicale montait au 5ème, la
            mystérieuse femme fatale descendit de façon furtive les escaliers, probablement pour ne pas être

            identifiée, et sortit promptement de l'immeuble.




            Soulagée, Lydie ouvrit à l'équipe du SAMU, qui prit aussitôt le relais auprès de Rose. Quand ils
            furent partis, elle essaya de garder son calme auprès de Mme Mignard pendant son soin aux jambes

            et entreprit de la questionner un peu sur Mme Dupin, en prétendant l'avoir croisée dans les escaliers
            en arrivant.




            - Comment elle est ? C'est une femme qui a de l'argent, mais qui est assez dérangée et surtout très
            mesquine, elle est horrible pendant toutes les réunions de copropriété,  la dernière fois elle a été

            épouvantable avec Rose justement.

            - Ah bon mais à quel sujet ?


            -  Mme Dupin voulait  faire faire des travaux sur les parties communes et installer un ascenseur
            ultramoderne pour se faciliter la vie, celui que nous avons là est une antiquité, c'est vrai, et met trop

            de temps à monter. Les propriétaires étaient partagés, mais Rose n'a pas voulu voter pour, car elle

            trouvait que c'était trop cher pour notre résidence. Mme Dupin n'a eu de mots assez blessants et lui a
            même dit "Attends un peu que je m'occupe de toi ! Tu ne perds rien pour attendre, saleté !" Les

            autres propriétaires ont dû la retenir pour ne pas qu'elle s'en prenne à Rose.

            Tout ça pour ça, pensa  Lydie en soupirant, un règlement de comptes  entre vieilles dames qui
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