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naturel qu’à l’écran. Tu te rends compte ? Yann Sagory ! Je n’en reviens pas… Tu verrais son
               costume, la très grande classe… Et quel regard…

                   Rachida était plus qu’informée de la passion d’Alice pour la star. Elle fatiguait d’ailleurs
               régulièrement  tous  ses collègues d’anecdotes  le concernant. Toujours  à l’affût  du moindre

               potin, elle passait une partie de son temps libre sur internet à la recherche d’informations et de

               photos  inédites.  Ses proches s’inquiétaient parfois de cette obsession.  Certes le talent de
               l’acteur ne faisait aucun doute, mais de là à l’ériger en icône… Elle perdait tout esprit critique

               à son sujet, lui pardonnant ses nombreux excès et ses prises de position parfois incohérentes et
               outrancières.  Bref,  elle était  une fan  en  état d’adoration permanent, avec la dose

               d’aveuglement que cela implique.
                   ⸺  Toi qui connais tout sur lui, tu ignorais qu’il tournait ici ? ironisa Rachida.

                   ⸺  En effet, je ne le savais pas. Je n’ai rien vu sur internet, répondit-elle un rien froissée.

                   ⸺  Sur internet peut-être, mais c’était en première page d’Ouest-France et du Télégramme
               hier :   ̏Yann Sagory en tournage à Brest  ̋. J’ai du mal à croire que tu aies zappé un tel scoop...

               Et tes patients, dans tout ça, qui va s’en occuper ?

                   ⸺   C’est pour ça que je t’appelle. Je ne vais pas travailler aujourd’hui. Trouve un
               remplaçant, Joël, par exemple. Il est en repos le mardi. File-lui mon planning de rendez-vous.

               Et dis-lui que j’ai fait les deux premières visites… Et aussi que je lui revaudrai ça. Et surtout,
               pas un mot à la cheffe sur la raison de mon absence…

                   Après avoir raccroché, elle sortit son rouge à lèvres, son mascara, et entreprit de se refaire
               une beauté. Ses lèvres charnues et ses yeux verts étaient des atouts à ne pas négliger.

                   Et maintenant, elle devait patienter pendant deux heures. Voilà la pluie qui se mettait de la

               partie… Que faire ? Poireauter dans la voiture en écoutant la radio ? Les cigarettes ! Elle avait
               oublié les cigarettes ! Elle courut jusqu’à La Civette, rue de Lyon, et en revint essoufflée et

               trempée comme une soupe. Elle frappa à la porte de la caravane.
                   ⸺  J’ai cru que tu m’avais oublié, mon chou. Tu n’as pas de parapluie ? Allez, ne reste pas

               là  comme une potiche,  entre. Seulement quatre paquets ! Ça fait mesquin. Tu aurais pu
               prendre une cartouche entière. Mais la prod t’a peut être donné des consignes de restriction…

               comme pour la voiture ?

                   Un des trois hommes buvant le  café  au fond de la caravane  observait Alice avec
               sympathie :

                   ⸺  Quel est votre nom mademoiselle ? lui demanda-t-il.

                   ⸺  Alice Servin.



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