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N° 2

- MATHILDE -

Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles
qu’elle avait considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle.

Ses pensées furent interrompues par l’arrivée du train.

La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première marche, leva la tête et
s’arrêta brusquement.

La surprise de Mathilde n’eût pour équivalent que celle de la passagère qui
s’apprêtait à descendre.

Elle crut une seconde qu’un mauvais plaisant avait placé un miroir dans
l’encadrement de l’ouverture d’accès au wagon.

Elle se trouvait face-à-face avec son sosie parfait.
Les deux femmes demeuraient interdites, aussi abasourdies l’une que l’autre

par une telle ressemblance et une telle coïncidence : rencontrer son double au

hasard d’un train s’arrêtant à un quai de gare !
L’impatience et le mécontentement des autres voyageurs, empressés et

inquiets de rejoindre ou de quitter leur compartiment, ne tardèrent pas à se
manifester.

L’arrivante repris ses esprits la première, réalisant qu’elle bloquait le passage.
Elle s’empressa de le libérer et de descendre sur le quai… si bien qu’elle se retrouva

quasiment nez-à-nez avec son portrait craché.

S’arrachant à son tour de son état stuporeux, Mathilde parvînt à prendre la
parole :

- Pardonnez mon indélicatesse… mais notre ressemblance est tellement

frappante… je...
- Ne vous excusez pas… confidence pour confidence… je pensais la même

chose ! Et il n’y a pas que notre similitude physique : regardez nos valises :
même marque, même modèle à roulettes…
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