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N° 14 Un curieux vendredi 13
Il pleuvait ce jour-là, lorsqu’elle s’est levée. Ah ! au fait, quel jour étions-nous ? se dit-elle.
Vendredi 13 ! Zut ! Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des
surprises.
Elle s’était pourtant levée d’assez bonne humeur. « Hop ! dès le matin, lève-toi, l’heure
sonne… », réminiscence d’une chanson de camp scout… En se levant elle avait esquissé un
mouvement de ciseaux, jambe gauche, jambe droite avant de poser le premier pied par terre…
On ne sait jamais, il vaut mieux mettre toutes les chances de son côté… Le matou roux et
blanc (bien sûr ! qui s’aventurerait à héberger un chat noir…) lové au bout du lit souleva une
paupière, vite refermée après estimation d’une situation jugée sans intérêt.
Elle décida de ne plus penser à cette stupide date. Foutaises ! foutaises ! Ce serait une journée
comme les autres, c’est-à-dire avec une météo poisseuse comme depuis quinze jours, et avec
pour seule compagnie son ordinateur et son chat, comme depuis deux mois de télétravail.
Douche, café, ordi…35 mails…heureusement pas de pops up pour lui rappeler la date
symbolique ou lui apprendre que la peur du vendredi 13 porte le nom prétentieux de
Paraskevidekatriaphobie.
Difficile de se concentrer malgré tout… Elle repensa à ses précédents vendredi 13 et à leurs
surprises. Celui où elle s’était tordu la cheville en descendant l’escalier de l’immeuble. Celui
où elle avait reçu une réponse négative pour l’emploi convoité à Superboite. Bon… c’est vrai
qu’elle avait aussi reçu une réponse négative de Génialemploi un mercredi 18 et qu’elle s’était
cassé une dent sur un nougat un samedi 21. Mais tout de même, tout de même….
De moins en moins concentrée, ses pensées vagabondaient parmi toutes ces coïncidences qui
lui pourrissaient la vie, même loin du vendredi 13. Il y a un mois elle avait fait son vaccin
covid. Deux jours après, son pouce la grattait furieusement. Pas décrit dans les effets
indésirables, simple hasard sans doute, mais tout de même, tout de même… Rien à voir non
plus avec le vendredi 13, mais chaque fois qu’elle était de corvée pour aller rendre visite à
tante Jeanne confinée dans son EHPAD, la journée était merveilleusement ensoleillée, alors
que quand elle avait prévu une sortie entre copines, la météo virait systématiquement au
gris… Bon… pas toujours, mais tout de même, tout de même… De toutes façons elle avait la
poisse, qui lui collait à la peau, vendredi 13 ou pas.
Pour gérer cette poisse elle essayait de maitriser toutes les situations à risque indentifiables.
Le problème étant justement de les identifier, car il y avait dans le monde tant de rituels à
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