Sélection Septembre 2024

Jacaranda
Gaël Faye

En 1994, Milan, collégien franco-rwandais à Versailles, voit arriver chez lui Claude, jeune victime du génocide alors commis au Rwanda. Plus tard, il découvrira le pays de sa mère, obstinément silencieuse sur son passé, et retrouvera Claude. En fin observateur du courage des femmes, d’un fêtard nommé Sartre, de rescapés qui témoignent, Gaël Faye (Petit pays, 2016) excelle dans ce roman et document historique très réussi à décrire cette « société de défiance pour encore longtemps ». (Claude Maine)


L’impossible retour
Amélie Nothomb

Amélie Nothomb avait déjà écrit sur le paradis perdu de sa petite enfance, le Japon. 

Elle avait essayé d’y travailler, une expérience relatée dans Stupeur et tremblements. Elle y retourne, aussi émue que pleine de craintes, avec une amie photographe. L’impossible retour est un récit de voyage au pays des souvenirs empreint de drôlerie et d’émotion, dans lequel elle raconte aussi le choc des cultures vécu dans ce pays si particulier. (Florence Pitard)

Cœur-d’amande
Yasmina Khadra

On a voyagé partout avec les livres de Yasmina Khadra. Chez les extrémistes afghans, les gangs du Mexique, ou dans la tête de Kadhafi… Là, on reste à Paris, à la butte Montmartre. 

Mais le héros soulève encore une fois des montagnes pour se sentir exister. Nestor, dit « Cœur-d’amande », est nain mais lui « ne voit pas son handicap ». 

Ce roman est aussi un prétexte pour raconter l’énorme solidarité des gens du quartier. Un nouveau et très joli conte populaire. (Matthieu Marin)

 Frapper l’épopée
Alice Zeniter

Il existe une ville où l’on ne peut se rendre que dans son sommeil. L’endroit le plus populaire de cette ville est le Grand Magasin des Rêves, qui semble un immense paquebot tout miroitant de lumières et haut de quatre étages où l’on propose et vend tous les rêves imaginables : rêves d’enfance, de voyage, de nourriture délicieuse, mais aussi cauchemars, songes prémonitoires ou consolateurs. La jeune Penny vient juste de réussir son entretien d’embauche, elle commence son travail à la réception du rez-de-chaussée, et c’est avec elle que nous allons découvrir l’univers chatoyant du Grand Magasin des Rêves, où, chaque nuit, une foule de dormeurs humains et animaux viennent choisir les rêves qu’ils désirent vivre.
Un roman pétillant comme un diabolo menthe pour les adultes qui ont gardé le goût de l’enfance, et un succès prodigieux en Corée avec plus d’1 million de lecteurs qui ont aimé rêver en plein jour.

Kiffe kiffe hier ? 
Faïza Guène

C’est une histoire qui se lit comme une session de stand-up, peut-être même comme une conversation. En tout cas, c’est une histoire d’aujourd’hui. Celle de Doria, héroïne de Kiffe kiffe demain, il y a vingt ans. La revoilà à 35 ans, au chômage et au bord du divorce, se heurtant aux désillusions du quotidien d’adulte et aux vicissitudes d’un monde qui n’a pas l’air de s’arranger. Le récit d’une époque, la nôtre, que Faïza Guène raconte avec justesse dans son ambivalence. (Emma Guyomard)

Houris
Kamel Daoud

Autant que les historiens, les écrivains nous aident à mieux comprendre le douloureux passé de l’Algérie. Kamel Daoud évoque la décennie noire, la guerre civile entre gouvernement et groupes islamistes dans les années 1990. Aube, la narratrice, a été égorgée par des terroristes lors d’une nuit sanglante. Rescapée mais devenue muette, elle le raconte au bébé qui est encore dans son ventre mais qu’elle ne souhaite pas garder. Les mots durs et poignants d’un écrivain engagé. (Matthieu Marin)

Les derniers jours du Parti socialiste
Aurélien Bellanger

Amateurs de stratégie politique, ce livre est pour vous. Quand Aurélien Bellanger décrit les arcanes du pouvoir, il semble très bien renseigné. Fiction et réalité s’entremêlent, la vérité n’étant sûrement jamais très lointaine. Grémond se démène, entre les éléphants que l’on connaît bien, pour tirer quelques ficelles au PS. Après la série d’attentats en 2015, il fonde le Mouvement du 9 décembre (En réalité le Mouvement républicain), centré sur la défense de la laïcité. Il sera le fossoyeur du parti. (Matthieu Marin)

Jour de ressac 
Maylis de Kerangal

Amateurs de stratégie politique, ce livre est pour vous. Quand Aurélien Bellanger décrit les arcanes du pouvoir, il semble très bien renseigné. Fiction et réalité s’entremêlent, la vérité n’étant sûrement jamais très lointaine. Grémond se démène, entre les éléphants que l’on connaît bien, pour tirer quelques ficelles au PS. Après la série d’attentats en 2015, il fonde le Mouvement du 9 décembre (En réalité le Mouvement républicain), centré sur la défense de la laïcité. Il sera le fossoyeur du parti. (Matthieu Marin)

Dors ton sommeil de brute
Carole Martinez

Eva fuit son compagnon violent, avec sa fille Lucie, 8 ans. Au milieu des marais, elles s’apaisent. La gamine fait un rêve. Son cri résonne fort dans l’obscurité. Leur seul voisin, un peu étrange, l’entend et apprend à la radio que tous les enfants du monde entier se sont mis à hurler à la même heure dans la nuit et que la Terre bascule… Carole Martinez concentre la peur, la beauté, les monstres et la poésie dans un récit haletant. Comme dans ses autres romans, la magie opère. (Karin Cherloneix)

Hôtel Roma
Pierre Adrian

Ce n’est pas une fascination morbide qui a poussé Pierre Adrian à dresser ce portrait de Cesare Pavese (1908-1950), écrivain et poète italien, auteur du Métier de vivre, qui se suicida à 41 ans, laissant un mot d’excuse, des poèmes et un journal intime. Hotel Roma n’est pas un livre triste, mais un récit personnel évoquant le parcours d’un écrivain tourmenté et ses « terreurs infinies ». Pierre Adrian raconte les lieux chers à Pavese et parle de ses amis pour livrer un ouvrage finalement plein de vie. (Didier Gourin)

Ces féroces soldats
Joël Egloff

Ce n’est pas une fascination morbide qui a poussé Pierre Adrian à dresser ce portrait de Cesare Pavese (1908-1950), écrivain et poète italien, auteur du Métier de vivre, qui se suicida à 41 ans, laissant un mot d’excuse, des poèmes et un journal intime. Hotel Roma n’est pas un livre triste, mais un récit personnel évoquant le parcours d’un écrivain tourmenté et ses « terreurs infinies ». Pierre Adrian raconte les lieux chers à Pavese et parle de ses amis pour livrer un ouvrage finalement plein de vie. (Didier Gourin)

La nuit s’ajoute à la nuit 
Ananda Devi

Menant « une bataille pour saisir l’innommable », Ananda Devi a passé, seule, une nuit blanche à la prison de Montluc à Lyon, devenue mémorial. Là, durant la Seconde Guerre mondiale, ont été emprisonnés Jean Moulin, Raymond Samuel dit Aubrac et les enfants juifs d’Izieu, entre autres. Devant chaque cellule, l’autrice (Le rire des déesses) partage sa réflexion sur le fait que « chacun est face à son ombre, à sa flamme, à ses démons et à ses offrandes ». Hier comme aujourd’hui. (Claude Maine)

 Alors c’est bien
Clémentine Mélois

Un lumineux et malicieux portrait de Bernard Mélois (1939-2023), père de l’autrice. Sculpteur, il a réalisé de belles œuvres habillées de brocs et faitouts en émail, dégottés à la décharge et usinés à la meuleuse ! L’autrice, membre du groupe de recherche littéraire Oulipo et artiste plasticienne (Cent titres, Les six fonctions du langage), signe un texte plein d’allant dans lequel on goûte « l’anarchisme, la tendresse, la poésie, l’antimilitarisme et l’anticapitalisme » de l’artiste de La Ferté-Milon (Aisne). (Claude Maine)

 Aux marges du palais 
Marcus Malte

Ce nouveau livre confirme le talent de Marcus Malte, lauréat du prix Femina 2016. Dans Aux marges du palais, l’auteur nous plonge en Frzangzwe (toute ressemblance avec un pays existant…), socialement divisée en deux. Chez les marginaux, nous allons suivre la Baronne et ses laissés-pour-compte qui fomentent un coup d’éclat, au moment où, chez les nantis, la marjorette décide de voir ce qui se passe dans l’autre monde. Joyeux, loufoque et politique. Votez Marcus ! (Jean-Noël Levavasseur)