Janvier 2025
The country girls d’Edna O’BRIEN
Les deux héroïnes de ce classique qu'est devenue, dans les pays de langue anglaise, la trilogie romanesque d'Edna O'Brien les Filles de la campagne, incarnent les vertus et les points faibles de la jeunesse. Fait capital: ces primitives ont pour objectif de conquérir le monde _ l'une par l'amour, et l'autre par intrépidité pure. Chacune est la meilleure amie de l'autre, et, comme il en va dans toutes les relations de ce genre, il y a entre elles une rivalité qui s'atténue quand le malheur vient à frapper. L'histoire de Baba et de Kate commence dans un petit village, à l'ouest de l'Irlande, et les conduit à un couvent dickensien où Baba réussit à les couvrir de honte. Ensuite, on passe aux vives lumières dublinoises, à un semblant de prestige, à des liaisons furtives, à leur première rupture au moment où Kate s'éprend d'une image paternelle du nom d'Eugène Gaillard. Baba se case auprès d'un riche entrepreneur, plus par désir de luxe que par amour, et, tandis que la vie de Kate s'effondre, Baba tient bon. C'est l'histoire de Baba, la rude énergie de Baba, qui survit dans le brillant épilogue écrit pour le présent volume. Les Filles de la campagne est un roman-fleuve extrêmement captivant qui traite, sur le plan thématique, de contraires: dispositions contraires et visions contraires de la vie _ la survivante opposée à l'ingouvernable romantique. A la fois douloureux et hilarant, il retrace impitoyablement l'itinéraire de l'existence, pour les femmes, de l'entrain juvénile aux terreurs de l'âge mûr, de l'espérance au désespoir.
Fille de la campagne d’ Edna O’ BRIEN
Les mémoires d'Edna O'Brien, parus à Londres en septembre 2012, sont un événement littéraire. Depuis la publication en 1960 de son premier livre, Les Filles de la campagne, qui fit scandale en Irlande, Edna O'Brien construit une oeuvre majeure.
Née en 1930 dans le comté de Clare, cette "fille de la campagne" grandit, solitaire, dans la maison de Drewsboro. Après ses années en pension, elle va suivre des études de pharmacie à Dublin. Là, elle rencontre l'écrivain Ernst Gebler, qu'elle épouse contre l'avis de sa mère en 1952, et avec qui elle part s'installer à Londres.
Le couple ne résiste pas au succès de la jeune femme. Après avoir obtenu la garde de ses deux fils, celle-ci décide qu'elle sera avant tout une mère et un écrivain. Jamais sa vie très libre dans le Swinging London des années soixante n'éloigne Edna O'Brien de sa table de travail.
Derrière les portraits de ceux qui fréquentaient alors sa maison de Chelsea - Robert Mitchum, Paul McCartney, Sean Connery ou Gore Vidal -, derrière l'évocation des ombres qui hantent sa vie et nourrissent son oeuvre - celles de ses parents, celle de son mari destructeur et jaloux -, par-delà l'évocation simple et sans indiscrétion de sa vie sentimentale et derrière les anecdotes, les voyages, les réceptions qui jalonnent son parcours d'écrivain reconnu et salué par ses pairs, la saveur et l'unité de ces éblouissants mémoires tiennent dans l'exigence d'une vie consacrée à la littérature.
Grande lectrice, héritière de Joyce, grande styliste aussi, Edna O'Brien révèle ici sans fard, sans aigreur non plus, mais souvent avec une crudité toute irlandaise, à quel point rien d'autre dans sa vie n'importe vraiment sinon l'urgence d'écrire.
Née en 1930 dans le comté de Clare, cette "fille de la campagne" grandit, solitaire, dans la maison de Drewsboro. Après ses années en pension, elle va suivre des études de pharmacie à Dublin. Là, elle rencontre l'écrivain Ernst Gebler, qu'elle épouse contre l'avis de sa mère en 1952, et avec qui elle part s'installer à Londres.
Le couple ne résiste pas au succès de la jeune femme. Après avoir obtenu la garde de ses deux fils, celle-ci décide qu'elle sera avant tout une mère et un écrivain. Jamais sa vie très libre dans le Swinging London des années soixante n'éloigne Edna O'Brien de sa table de travail.
Derrière les portraits de ceux qui fréquentaient alors sa maison de Chelsea - Robert Mitchum, Paul McCartney, Sean Connery ou Gore Vidal -, derrière l'évocation des ombres qui hantent sa vie et nourrissent son oeuvre - celles de ses parents, celle de son mari destructeur et jaloux -, par-delà l'évocation simple et sans indiscrétion de sa vie sentimentale et derrière les anecdotes, les voyages, les réceptions qui jalonnent son parcours d'écrivain reconnu et salué par ses pairs, la saveur et l'unité de ces éblouissants mémoires tiennent dans l'exigence d'une vie consacrée à la littérature.
Grande lectrice, héritière de Joyce, grande styliste aussi, Edna O'Brien révèle ici sans fard, sans aigreur non plus, mais souvent avec une crudité toute irlandaise, à quel point rien d'autre dans sa vie n'importe vraiment sinon l'urgence d'écrire.
BABEL de R.F. KUANG
1828. Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l’étude des langues dans l’optique d’intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l’Université d’Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Berceau de l’argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l’aide de barres d’argent enchantées.
Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l’Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d’origine. Peut-il espérer changer Babel de l’intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?
Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l’Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d’origine. Peut-il espérer changer Babel de l’intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?
Proust roman familial de Laure MURAT
"Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrières grands-parents, dont les noms figurent dans son roman.
J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie à changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles.
Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps. "
Un roman qui médite sur le pouvoir émancipateur de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec la vie.
J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie à changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles.
Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps. "
Un roman qui médite sur le pouvoir émancipateur de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec la vie.
Houris de Kamel DAOUD
« Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l’histoire d’une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant. »
Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d’indépendance, qu’elle n’a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu’elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix.
Son histoire, elle ne peut la raconter qu’à la fille qu’elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l’a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.
Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d’indépendance, qu’elle n’a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu’elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix.
Son histoire, elle ne peut la raconter qu’à la fille qu’elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l’a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.
L'autre qu'on adorait de Catherine CUSSET
"Quand tu penses à ce qui t’arrive, tu as l’impression de te retrouver en plein David Lynch. Blue Velvet, Twin Peaks. Une ville universitaire, le cadavre d’un garçon de vingt ans, la drogue, la police, une ravissante étudiante, une histoire d’amour entre elle et son professeur deux fois plus âgé : il y a toute la matière pour un scénario formidable.
Ce n’est pas un film.
L’autre qu’on adorait fait revivre Thomas, un homme d’une vitalité exubérante qui fut l’amant, puis le proche ami de la narratrice, et qui s’est suicidé à trente-neuf ans aux États-Unis. Ce douzième roman de Catherine Cusset, où l’on retrouve l’intensité psychologique, le style serré et le rythme rapide qui ont fait le succès du Problème avec Jane, de La haine de la famille et d’Un brillant avenir, déroule avec une rare empathie la mécanique implacable d’une descente aux enfers.
Ce n’est pas un film.
L’autre qu’on adorait fait revivre Thomas, un homme d’une vitalité exubérante qui fut l’amant, puis le proche ami de la narratrice, et qui s’est suicidé à trente-neuf ans aux États-Unis. Ce douzième roman de Catherine Cusset, où l’on retrouve l’intensité psychologique, le style serré et le rythme rapide qui ont fait le succès du Problème avec Jane, de La haine de la famille et d’Un brillant avenir, déroule avec une rare empathie la mécanique implacable d’une descente aux enfers.
Tangeante vers l'Est de Maylis de KERANGAL
"Ceux-là viennent de Moscou et ne savent pas où ils vont. Ils sont nombreux, plus d’une centaine, des gars jeunes, blancs, pâles même, hâves et tondus, les bras veineux le regard qui piétine, le torse encagé dans un marcel kaki, allongés sur les couchettes, laissant pendre leur ennui résigné dans le vide, plus de quarante heures qu’ils sont là, à touche-touche, coincés dans la latence du train, les conscrits."
Pendant quelques jours, le jeune appelé Aliocha et Hélène, une Française montée en gare de Krasnoïarsk, vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d’un bout à l’autre du Transsibérien. Les voilà condamnés à fuir vers l’est, chacun selon sa logique propre et incommunicable.
Pendant quelques jours, le jeune appelé Aliocha et Hélène, une Française montée en gare de Krasnoïarsk, vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d’un bout à l’autre du Transsibérien. Les voilà condamnés à fuir vers l’est, chacun selon sa logique propre et incommunicable.






